La Communication NonViolente

La CNV : Un aperçu du processus

Peut-être avez-vous déjà expérimenté des relations fluides, harmonieuses, où l’on sent une profonde connexion avec notre interlocuteur. Si c’est souvent le cas pour vous, profitez de cette chance !

Cependant, l’échange n’est pas toujours aussi facile. Qui n’a jamais rencontré de situation conflictuelle ? Des discussions éprouvantes parfois, où la seule résultante est la colère, le silence face à quelqu’un qui parle « plus fort », ou encore la frustration de ne pas avoir réussi à exprimer exactement ce que l’on souhaitait ? Ces discussions laissent souvent un goût amer, une insatisfaction.

Marshall B. Rosenberg a développé ce que l’on appelle la Communication NonViolente ou CNV. Il a défini un processus en quatre étapes qui s’appuie sur ce qui se passe en chacun de nous – et non sur un jugement, analyse ou interprétation de ce qui se passe chez l’autre.

PLUS QU'UN OUTIL DE COMMUNICATION

La CNV est parfois présentée comme un outil de communication. Elle est selon nous, bien plus que cela. C’est effectivement une méthodologie à mettre en œuvre dans notre manière de nous exprimer et d’écouter, mais c’est aussi et surtout, une invitation à regarder autrement la relation que nous avons à nous-même et la relation que nous avons à l’autre. Ce processus va questionner les aspects fondamentaux de notre existence et nous aider à clarifier ce qui est réellement essentiel pour chacun.
 
Importance de l’Intention

Marshall B. Rosenberg insiste sur l’importance de prendre soin de la relation et de ne pas chercher à atteindre un résultat. Si l’on entre en contact avec quelqu’un pour qu’il fasse ce que l’on souhaite, nous sommes coupés de lui, car nous ne cherchons pas à rentrer en contact avec ce qu’il vit, nous cherchons seulement à l’amener à faire quelque chose. La différence est considérable !
Utiliser la CNV permet de lâcher prise sur ses propres stratégies et amène à ouvrir son champ des possibles et accepter que ce qui est bon pour soi, ne l’est pas forcément pour l’autre.

La CNV invite à se poser la question du sens profond qui sous-tend nos actions, nos paroles : Y a-t-il une attente cachée, parfois même inconsciente ? Prendre conscience de ses propres aspirations, permet de mesurer ce qui est profondément important pour soi.

De même, lorsque c’est l’autre qui s’exprime, le processus aide à traduire en terme de sentiments et besoin ses mots. Même si la personne exprime un reproche, il est possible d’entendre ce qui se cache derrière ses jugements.
Chacun est donc amené à comprendre et rentrer en empathie avec l’autre.

LE PROCESSUS EN 4 ÉTAPES

  • Observation : Le première étape consiste à bien identifier les faits. L’intérêt de les formuler, déchargés de toute évaluation permet de poser un terrain neutre, où chaque partie pourra se mettre d’accord.
  • Sentiments : L’expression des sentiments qu’éveille la situation est la deuxième étape. Selon notre état d’esprit, notre émotion face à une même situation pourra être bien différente. Il sera alors important de prendre la responsabilité de sa propre réaction émotionnelle face à la situation.
  • Besoins : Marshall B. Rosenberg dit que derrière chaque émotion, il y a un besoin qui se cache. Si l’émotion est agréable, le besoin qui y est associé sera satisfait. Si l’émotion est déplaisante, inconfortable, le besoin en question est insatisfait. C’est donc là, l’une des clé de ce processus : réaliser que si je me trouve dans une situation conflictuelle, ce n’est pas forcément à cause de l’autre, mais peut-être à cause d’un besoin qui m’est propre qui n’est pas satisfait dans cette situation.
    Identifier clairement le besoin permet aussi de réaliser qu’il existe une multitude de stratégies pour nourrir ce besoin, et non pas une seule stratégie qui dépendrait uniquement de l’interlocuteur. Il est alors possible d’entrer dans le dialogue avec l’autre, lui partager ce que l’on vit dans cette situation, en étant conscient que de nombreuses issues sont possibles.
 
  • Demande : La dernière étape du processus permet donc d’arriver à une solution. Il existe trois types de demandes :
    – La demande de compréhension permet de s’assurer que notre message a bien été compris, entendu. On peut, par exemple demander à la personne de reformuler ou de nous dire ce qu’elle a compris de nos propos.
    – La demande de connexion : qu’est-ce que ressent la personne dans la situation dont il est question ou qu’est-ce qu’elle ressent après avoir entendu ce que je viens de dire ?

    – La demande d’action. Elle doit être positive, concrète, réalisable et négociable. Attention, il est important de savoir bien différencier une demande d’une exigence. Pour le vérifier, il est utile de se demander quelle sera notre réaction si la personne n’accède pas à notre requête.

Dans de nombreuses situations, les deux premiers types de demandes sont suffisants pour trouver une solution à la situation. En effet, les conflits émergent souvent d’une incompréhension de ce que l’autre dit ou vit. Permettre simplement aux deux parties d’exprimer ce qu’elles vivent vraiment au fond d’elles-mêmes, amène bien souvent à une prise de conscience qui peut transformer la situation et même la relation.
De plus, avant même de se lancer dans le dialogue avec l’autre, il est très utile de pratiquer ce processus avec soi-même. Se questionner sur les faits qui nous mettent dans l’inconfort, identifier les sentiments et les besoins et se poser ensuite la question : « quel peut-être le premier petit pas que je peux mettre en œuvre pour me rendre la vie plus agréable dans cette situation ? ». Ce dialogue intérieur peut résoudre le problème car il nous amène à une autre perception de ce qui nous posait problème initialement.
Bien que cet article soit un survol du processus, nous espérons qu’il permettra à certains de comprendre un peu plus l’essence de la CNV et de susciter peut-être un intérêt à sa pratique.
Il existe de nombreux livres et vidéos disponibles sur le sujet pour en savoir plus et qui aident à mieux comprendre la théorie de cet outil. Mais l’expérience est un maître sur le chemin, comme beaucoup de choses, il nous semble important de pratiquer, pratiquer, pratiquer…
Si cela vous intéresse, n’hésitez pas à suivre des formations, et à pratiquer dans différents cadres : groupe de pratique de CNV, café CNV, etc…
dessin d'une girafe qui transfiorme en amour les mots d'un chacal

Un autre moyen de commencer pour voir si la démarche vous plait peut être de regarder des vidéos de Marshall B. Rosenberg : (première vidéo d’un longue série)